Amira Bouraoui, militante du ‹‹Hirak ›› a été condamnée, ce dimanche 21 juin, à 1 an de prison ferme par le tribunal de Chéraga à Alger.
Amira Bouraoui, gynécologue de 44 ans et mère de deux enfants de 12 et 16 ans, a été immédiatement incarcérée. Elle avait été interpellée chez elle mercredi soir et placée en garde à vue. La condamnation a été prononcée ce dimanche.
La célèbre opposante de l’ère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, a été condamnée pour les six chefs d’accusation retenus contre elle. Il s’agit : « d’incitation à violer le confinement », « d’offense à l’Islam », « d’exposition de son intégrité physique à un danger au cours de la crise sanitaire », « d’exposition de la vie d’autrui », « de publication de nature à porter atteinte à l’ordre public et à la sécurité nationale ». Il lui est aussi reproché « d’avoir offensé le président de la République ». L’opposante était également accusée de « publication (sur les réseaux sociaux) pouvant porter atteinte à l’unité nationale » et d’« informations ou nouvelles, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre public » .
« Cette condamnation est injustifiée, le dossier est vide. Nous allons faire appel », a déclaré à l’AFP Me Mustapha Bouchachi, son avocat. Le parquet avait requis 18 mois de prison ferme contre cette militante du « Hirak » , le mouvement de contestation qui a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission en avril 2019.
« Ce genre de poursuites judiciaires qui dure depuis des mois ne peut apaiser les esprits, politiquement parlant. Ce n’est pas la meilleure façon de s’ouvrir vers la société, vers les militants et la révolution pacifique », a déploré Me Bouchachi.
Le régime algérien a multiplié, ces derniers jours, les interpellations et condamnations de militants du « Hirak » afin d’enrayer le retour de la contestation au moment où s’amorce le déconfinement. Cela n’a pas empêché des centaines de protestataires de reprendre leurs marches hebdomadaires du vendredi, notamment en Kabylie. La plupart des poursuites s’appuient sur un nouveau code pénal, adopté à la va-vite le 22 avril, en pleine crise sanitaire due au Covid-19.
Près de 500 personnes ont été interpellées à travers le pays lors de ces manifestations interdites, avant que la majorité d’entre elles ne soient relâchées, selon Saïd Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH). Parmi la centaine de manifestants mis en garde à vue après leur arrestation vendredi, près d’une vingtaine ont été placés dimanche sous mandat de dépôt. Les autres ont été soit condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis, ou encore à des amendes, soit libérés dans l’attente de leur procès.
« le pouvoir a vite profité de la trêve pour arrêter le maximum d’activistes » , affirme Saïd Salhi, vice-président de Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH). Ils sont poursuivis pour « des délits d’opinion et d’expression en lien avec des publications sur les réseaux sociaux, notamment Facebook » , souligne-t-il. Leurs domiciles sont perquisitionnés, leurs téléphones confisqués.
Cette vague de répression fait dire à certains critiques du pouvoir que la situation des droits humains en Algérie est pire aujourd’hui que du temps de M. Bouteflika, en particulier en ce qui concerne la liberté de la presse.
Kevin Negalo