La juge Ruth Bader Ginsburg s’est éteinte à l’âge de 87 ans, a annoncé vendredi la Cour suprême des Etats-Unis.
Deuxième femme juge à la plus haute juridiction du pays, Mme Ginsburg était une pionnière juridique qui défendait l’égalité des sexes.
Sa mort constitue une perte pour le camp libéral au sein de la cour. Le poste qu’elle laisse vacant pourrait permettre au président Donald Trump de choisir un remplaçant – le troisième nommé à la Cour suprême sous sa présidence – qui pourrait faire basculer encore un peu plus cette institution vers le camp conservateur.
Championne des droits des femmes devenue une icône pour les libéraux américains, Ruth Bader Ginsburg, qui siégeait depuis 1993 à la Cour suprême, est morte à son domicile de Washington de complications dues à un cancer du pancréas ce vendredi 19 septembre, a précisé la Cour dans un communiqué, ouvrant une bataille pour sa succession qui devrait lourdement peser sur l’élection présidentielle américaine.
Sa disparition pourrait avoir un impact majeur sur la composition de la Cour suprême, arbitre de tous les grands dossiers sociétaux américains, où les conservateurs disposent déjà d’une courte majorité de 5 juges contre 4.
« Notre pays a perdu une juriste d’une valeur historique », a commenté le président de la Cour suprême, le juge John Roberts. « Nous sommes en deuil, mais avec la conviction que les générations futures se souviendront de Ruth Bader Ginsburg telle que nous la connaissions – une défenseure de la justice infatigable et déterminée. »
Donald Trump, qui briguera un second mandat le 3 novembre, a déjà nommé deux juges de la Cour suprême, Neil Gorsuch en 2017 et Brett Kavanaugh à 2018.
« Notre pays pleure aujourd’hui la mort d’une géante de la loi », a réagi dans un communiqué Donald Trump qui, lors de la campagne de 2016, avait appelé Ginsburg à démissionner de son poste.
Le président des Etats-Unis n’a pas tardé à annoncer qu’il allait désigner « sans délai » le juge qui va lui succéder.
« Nous avons été portés au pouvoir pour prendre des décisions en faveur des gens qui nous ont élus, dont la plus importante est depuis longtemps considérée comme le choix des juges de la Cour suprême des Etats-Unis », a écrit Donald Trump sur son compte Twitter, en s’adressant aux dirigeants républicains. « Nous avons cette obligation, sans délai! »
L’inquiétude s’est rapidement exprimée dans l’opposition. Quelques instants à peine après l’annonce de son décès, le chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer a salué une « géante de l’Histoire américaine » mais demandé à ne pas précipiter le choix de son successeur.
« Le peuple américain doit avoir son mot dans la sélection du prochain juge de la Cour Suprême. Son poste ne doit pas être attribué tant que nous n’avons pas un nouveau président », a-t-il tweeté.
Selon la radio NPR, elle avait elle-même confié ses dernières volontés à sa petite-fille, Clara Spera. « Mon voeu le plus cher est de ne pas être remplacée tant qu’un nouveau président n’aura pas prêté serment », lui a-t-elle dicté quelques jours avant sa mort.
Selon une source proche de la Maison blanche, la liste restreinte de candidats potentiels de Donald Trump comprend deux femmes juristes : Amy Coney Barrett et Barbara Lagoa.
Le remplacement de Ginsburg nécessitera l’accord du Sénat, où les républicains disposent d’une majorité de 53 sièges sur 100. Le chef de la majorité républicaine, Mitch McConnell, a d’ores et déjà annoncé qu’il soumettrait au vote le nom de tout candidat présenté par Donald Trump.
L’enjeu de la nomination d’un nouveau juge conservateur par Donald Trump devrait donc galvaniser sa base électorale avant le scrutin du 3 novembre qui devrait prendre l’allure d’une bataille sociétale.
Aucun président américain n’a eu l’occasion de nommer trois juges suprêmes depuis Ronald Reagan, qui avait fait basculer la Cour dans le camp conservateur dans les années 1980.
Après l’annonce de sa mort, une foule d’Américains se sont pressés devant le bâtiment de la Cour suprême pour lui rendre un dernier hommage avec des bougies, des fleurs ou des drapeaux arc-en-ciel de la communauté LGBT dont elle était une fervente défenseure.
Malgré son positionnement à gauche, républicains et démocrates lui ont immédiatement rendu hommage. « La juge Ginsburg a ouvert la voie à tant de femmes, moi compris. Il n’y aura jamais personne comme elle. Merci RBG », a tweeté l’ancienne candidate à la présidentielle, Hillary Clinton.
Elle « était une pionnière, passionnée par ses causes, elle a servi avec honneur et distinction la Cour suprême », a déclaré le sénateur républicain Lindsey Graham, un proche du président.
Kevin Negalo