Des assaillants circulant à moto ont tué, jeudi 24 décembre, Freshta Kohistani, une militante afghane des droits de la Femme et son frère, au nord de Kaboul, dernier en date d’une série de meurtres ciblés de personnalités de la société civile du pays.
Freshta Kohistani, 29 ans, a été «assassinée par des tireurs inconnus (circulant) à moto dans le district de Kohistan dans la province de Kapisa», a déclaré à la presse le porte-parole du ministère de l’Intérieur Tariq Arian.
Après Malalai Maiwand, assassinée en pleine rue par des tireurs non identifiés, c’est la jeune militante Freshta Kohistani qui vient s’ajouter à la triste liste des civils tués dans ces mêmes circonstances. Elle venait de recevoir des menaces de mort après avoir dénoncé les meurtres d’autres militantes et journalistes.
Le gouverneur de la province de Kapisa Abdul Latif Murad a déclaré que l’assassinat avait eu lieu près du domicile de Freshta Kohistani et que son frère avait également été tué. Le meurtre n’a pas été revendiqué.
Freshta Kohistani, qui avait fait campagne pour l’ancien dirigeant afghan Abdullah Abdullah lors de la dernière élection présidentielle, avait une assez large audience sur les réseaux sociaux et organisait régulièrement des événements rassemblant la société civile à Kaboul, en mettant l’accent sur les droits des femmes.
Abdullah, qui est actuellement le négociateur en chef du gouvernement dans le cadre du processus de paix en Afghanistan, a déclaré sur Facebook que Freshta Kohistani, une militante «courageuse», avait été tuée dans une «attaque terroriste». «La poursuite de tels assassinats est inacceptable», a-t-il ajouté.
Plusieurs jours avant son décès, Kohistani, qui laisse un veuf et un enfant, avait indiqué sur Facebook avoir demandé une protection aux autorités après avoir reçu des menaces et dénoncé les assassinats de journalistes, personnalités politiques et défenseurs des droits de l’homme qui se multiplient en Afghanistan.
Mercredi, Mohammad Yousuf Rasheed, le directeur exécutif du Forum afghan pour des élections libres et équitables (Fefa), une organisation indépendante, a été tué à Kaboul dans une embuscade tendue par des hommes armés.
Mardi, cinq personnes dont deux médecins travaillant pour l’administration pénitentiaire afghane, ont trouvé la mort à Kaboul, dans l’explosion d’une voiture piégée.
Lundi, un journaliste, Rahmatullah Nekzad, a été tué en se rendant à la mosquée par des hommes armés à Ghazni (Est). C’est le quatrième journaliste à avoir été assassiné en deux mois en Afghanistan et le septième cette année.
Le meurtre de Freshta Kohistani n’est toujours pas revendiqué, mais le mouvement Etat islamique a fini par se déclarer à l’origine de plusieurs attaques terroristes perpétrées selon le même mode opératoire à Kaboul ces derniers mois, alors même que les négociateurs taliban et du gouvernement afghan poursuivent, au Qatar, des négociations de paix.
L’Union européenne, de son côté, condamne le climat de peur provoqué par les meurtres ciblés de représentants de la société civile en Afghanistan et la volonté de déstabilisation du pays en plein processus de paix
Kevin Negalo