Lors de la 93ème cérémonie des Oscars, qui s’est déroulée le 25 avril (heure locale) à Union Station, à Los Angeles, en Californie, Youn est devenue la première actrice sud-coréenne à remporter un Oscar.
Nous vous proposons, dans cet article, de découvrir les grandes lignes de sa vie et de sa carrière, débutée il y a cinquante ans.
L’actrice coréenne Youn Yuh-jung a remporté le prix de la meilleure actrice dans un second rôle aux Oscars de cette année pour son rôle de « Soon-ja » dans le film « Minari ». Elle devient la première sud-coréenne a remporter ce prix et elle est aussi devenue la deuxième actrice asiatique à remporter l’Oscar, après l’actrice Japonaise Miyoshi Umeki du film « Sayonara » en 1957.
Née à 1947 à Kaesong, une ville désormais située en Corée du Nord, elle a débuté en 1971 sous la direction du réalisateur avant-gardiste Kim Ki-young dont le travail continue d’inspirer des cinéastes sud-coréens, parmi lesquels M. Bong.
Dans ce film, «La Femme de feu», elle incarnait une domestique au sein d’un foyer de la classe moyenne tombée enceinte du père de famille.
Ce thriller, devenu un classique du cinéma sud-coréen, lui a valu plusieurs prix. Sa carrière s’est pourtant brusquement arrêtée en 1975, après son mariage avec le chanteur Jo Young-nam et son départ pour les États-Unis.
Moins de dix ans plus tard, en 1984, elle rentre dans son pays natal avant de divorcer trois ans plus tard.
Renouer avec sa carrière d’actrice afin de subvenir aux besoins de ses deux fils n’a pas été aisé, à une époque où le divorce était stigmatisé en Corée du Sud.
«Être divorcée, c’était comme avoir commis un adultère», a raconté en 2009 Mme Youn à un magazine. «C’était comme si les femmes ne devaient pas apparaître à la télévision très vite après leur divorce.»
Elle accepte donc toutes les propositions, même les petits rôles, avant d’apparaître régulièrement, durant les années 90, dans des séries télévisées, dans le rôle d’une mère de famille, puis, plus tard, d’une grand-mère. «J’ai travaillé très dur. Je devais nourrir mes enfants», explique-t-elle.
En 2003, Mme Youn fait son retour sur le grand écran dans «Une femme coréenne» d’Im Sang-soo, sous les traits d’une belle-mère anti-conformiste au sein d’une famille déséquilibrée.
Elle est ensuite une riche et cruelle héritière trompée par son époux, en 2012, dans le drame «L’Ivresse de l’argent».
En 2016, dans «Canola», elle est une plongeuse en apnée qui ramasse des coquillages et retrouve sa petite-fille depuis longtemps disparu.
La même année, elle est saluée pour sa performance dans «The Bacchus Lady» de L J-yong, dans lequel elle joue le rôle d’une prostituée âgée contrainte de commettre des crimes.
Tout au long de sa carrière, elle a fait face à un «univers hautement compétitif» dans un univers cinématographique «largement tourné vers de jeunes talents, souvent masculins» pour les rôles principaux, a expliqué Jason Bechervaise, professeur à la Korea Soongsil Cyber University de Séoul.
L’Oscar remporté par l’actrice de «Minari» intervient dans un contexte de violences contre la communauté asiatique à travers les Etats-Unis, ce qui rend cette reconnaissance encore plus symbolique.
Pour M. Hu, le prix décerné à Mme Youn est une «reconnaissance pour tant de grands-mères d’origine coréenne vivant aux États-Unis, surtout à une époque où les Américains d’origine asiatique les plus âgés sont considérés comme des victimes plutôt que des vainqueurs».
Kevin Negalo