Belgique : soupçonnée d’avoir des liens avec les frères musulmans Ihsane Haouach a démissionné de son poste au gouvernement.

Ihsane Haouach a démissionné, vendredi, de son poste de commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

Après seulement quelques semaines en temps que commissaire du gouvernement auprès de l’institut pour l’égalité entre les hommes et les femmes, Ihsane Haouach. la Féministe fervente défenseure du port du voile, est suspectée d’avoir des liens avec les Frères musulmans.

Le passage d’Ihsane Haouach au sein du gouvernement belge n’aura pas duré plus de six semaines. La femme de 36 ans, connue pour ses prises de position féministes, était au cœur d’une polémique depuis qu’elle avait été nommée commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité entre les hommes et les femmes, le 1er juin dernier. Une nomination qui avait affaibli la majorité fédérale du Premier ministre, Alexander De Croo, rapporte le site du Monde. Ihsane Haouach a finalement annoncé, vendredi 9 juillet, qu’elle démissionnait de son poste. Officiellement, elle quitte ses fonctions afin d’apaiser le climat politique au sein du gouvernement. Dans sa lettre de démission, Ihsane Haouach évoque un « contexte de défiance et de violence à [son] égard » qui « rend impossible l’exercice de sa fonction de manière efficiente ». Mais la démission de la femme aurait pu être motivée par d’autres raisons, avance le quotidien belge « Le Soir », dont la remontée jusqu’au gouvernement d’informations compromettantes des services de renseignement. Selon ces derniers, la femme entretiendrait des liens avec les Frères musulmans, organisation religieuse critiquée pour sa vision communautariste de la société.

La nouvelle a été accueillie avec soulagement par ceux qui s’étaient opposés à la nomination d’Ihsane Haouach, dont George Louis Bouchez, président du Mouvement réformateur, un parti libéral. « Je suis surpris qu’on soit surpris. Ça fait des semaines que ce genre d’informations filtraient, donc ce n’est quand même pas quelque chose d’inconnu, en tout cas par rapport à un certain militantisme, une certaine proximité avec des personnes qui militent pour des principes religieux qui dicteraient ou qui influenceraient la conduite de l’État et de la société », a-t-il déclaré, comme le rapporte le site de la RTBF. Lors de sa première apparition à l’Institut pour l’égalité, Ihsane Haouach avait refusé d’enlever son foulard, provoquant une vive polémique qui n’avait cessé d’enfler depuis.

Les partis d’opposition N-VA et cdH ont réclamé, mardi, l’audition, à la Chambre, de la commissaire du gouvernement auprès de l’Institut de l’égalité entre les femmes et les hommes, Ihsane Haouach, pour clarifier des propos qu’elle a tenus ce week-end dans la presse, et que le MR (majorité) et DéFI (opposition) ont eux aussi dénoncés.

Dans une interview au « Soir », Mme Haouach défendait, samedi, sa conception de la neutralité en expliquant que le principe de la séparation de l’Église et de l’État pouvait se décliner en fonction du changement démographique. Des propos qui ont engendré les enquêtes sur la femme de 36 ans.

Estimant qu’interdire le port de signes convictionnels, dans le débat sur la neutralité de la fonction publique, était « discriminatoire », Ihsane Haouach considérait que les principes fondateurs de l’État n’étaient pas mis en danger par l’apparence mais par la montée des réactions d’extrême droite. « La discussion n’est pas : est-ce qu’on remet en cause la séparation de l’Église et de l’État ?, c’est : comment la décline-t-on avec un changement démographique ? », avait-elle dit.

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, avait déjà jugé ces propos « extrêmement dangereux » et considéré qu’ils illustraient l’incapacité de l’intéressée à faire preuve de la neutralité nécessaire à sa fonction. Le MR compte y revenir au conseil d’administration de l’Institut.

« Une commissaire du gouvernement, qui est tenue à un devoir de réserve par sa fonction, relativise un principe fondamental absolu : la séparation des Églises et de l’État. Qu’est ce que ça veut dire ? C’est inacceptable », a souligné le député Daniel Bacquelaine, en marge de la séance.

La N-VA, par la voix de sa députée Darya Safai, a quant à elle demandé l’audition de Mme Haouach en commission de l’Égalité des chances de la Chambre, tout en invitant le MR à s’opposer davantage que par des mots.

Au cdH, le député Georges Dallemagne a lui aussi dénoncé, mardi, sur « DH radio », les propos de la commissaire du gouvernement. « Il faut arrêter de dire que lorsqu’on demande une neutralité au sein des services publics, c’est discriminatoire, comme elle l’a dit. » Selon lui, la commissaire fédérale contredit la Cour constitutionnelle, « qui a dit qu’il n’y avait aucun problème à ne pas accepter le voile dans des hautes écoles ». « Elle dit donc l’inverse. Et ça m’inquiète », a ajouté le député fédéral. Lui aussi demande une audition à la Chambre, de même que pour la secrétaire d’État.

Du côté de DéFI, on souhaite également interroger Mme Schlitz pour lui demander si la conception de la neutralité affichée par Ihsane Haouach dans l’interview reflète bien celle du gouvernement qu’elle représente au sein de l’Institut. « L’idée que l’interdiction des signes distinctifs serait discriminatoire et que la séparation de l’Église devrait être déclinée selon les changements démographiques constitue, selon nous, les éléments les plus interpellants », indiquait François De Smet, président du parti, dans « Le Soir ».

Selon De Tijd, l’Open Vld n’est, lui non plus, heureux des propos d’Ihsane Haouach et un entretien est d’ailleurs programmé avec Mme Schlitz, qui a fait nommer Mme Haouach à ce poste.

Au cabinet Schlitz, on fait observer que la commissaire du gouvernement a donné cette interview à titre personnel. « Il y a des contacts réguliers entre le cabinet et la commissaire du gouvernement. C’est toujours le cas et cela le restera, vu la fonction de Mme Haouach. »

Le cabinet rappelle par ailleurs la fonction de contrôle d’un commissaire du gouvernement. « Elle veille à ce que les travaux soient conformes à l’accord de coopération entre l’Institut et le gouvernement. En ce sens, la commissaire du gouvernement ne représente pas l’Institut, ni même le gouvernement », selon le cabinet.

Kevin Negalo

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