La star Afghane du para-taekwondo (taekwondo handisport) Zakia Khudadadi et une cinquantaine d’autres sportifs ont réussi à fuir l’Afghanistan.
Incroyable histoire que celle de Zakia Khudadadi , qui devait devenir, à Tokyo, la première femme afghane à participer aux Jeux paralympiques, et les autres athlètes afghans qui ont longtemps cru ne plus pouvoir réaliser leur rêve, à savoir participer aux Jeux paralympiques de Tokyo (24 août – 5 septembre). Au terme d’une semaine de tractations diplomatiques et d’une fuite finale désespérée, ils ont finalement pu fuir le régime des Talibans ces dernières heures, à la veille de la cérémonie d’ouverture.
La semaine dernière, Zakia Khudadadi lançait un appel à l’aide. Cette athlète paralympique aurait dû se rendre à Tokyo pour participer aux Jeux paralympiques, devenant la première afghane à représenter son pays dans la compétition. Mais, en quelques jours, son rêve s’est effondré lorsque les talibans ont repris le pouvoir du pays, la piégeant à Kaboul, alors que le sort des femmes inquiétait le monde entier. «S’il vous plaît, tendez-moi la main et aidez-moi. Je suis actuellement emprisonnée à l’intérieur de la maison. Je ne peux même pas sortir en toute confiance, en toute sécurité pour aller m’acheter quelque chose, pour m’entraîner, pour vérifier comment vont les autres ou que je ne suis pas exclue de la compétition», avait-elle imploré dans une vidéo publiée par Reuters.
Comme de nombreuses sportives, artistes ou intellectuelles, Zakia vit à présent sous la menace de représailles de la part des talibans, qui, durant leurs premières années de pouvoir entre 1996 et 2001, interdisaient aux femmes la pratique du sport, l’éducation, les sorties seules et les forçait à porter la burka. Spécialiste du taekwondo, Zakia Khudadadi avait donc dû se résoudre à abandonner son rêve paralympique. «Malheureusement, le Comité National Paralympique afghan ne pourra pas participer aux Jeux de Tokyo 2020. A cause de la situation actuelle dans le pays, tous les aéroports sont fermés et il n’y a aucun moyen de voyager jusqu’à Tokyo», avait confirmé un porte-parole du Comité International Paralympique.
Mais, ce lundi 23 août, la chaîne australienne « ABC » a annoncé que la jeune femme, et son coéquipier – Hossain Rasouli -, avaient pu être exfiltrés de Kaboul, avec plusieurs dizaines d’autres sportifs. Une information confirmée par «Le Parisien». Arian Sadiqi, le chef de la délégation afghane, habitant à Londres, a affirmé au quotidien régional qu’une «cinquantaine d’athlètes» avaient pu quitter l’aéroport de Kaboul pour se rendre en Australie. La mission de sauvetage aurait eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi et a été menée par les forces australiennes, aidées de l’ancienne nageuse canadienne Nikki Dryden, aujourd’hui avocate des Droits de l’Homme, Alison Battisson, directrice de l’ONG « Human Rights for All » et de l’ancien joueur de football australien Craig Foster. «Je voudrais remercier les ministres Payne, Hawke et Colbeck et tous ceux impliqués dans la nouvelle concernant les athlètes afghans», a écrit celui-ci sur Twitter, indiquant ne pas pouvoir en dire plus en raison de la situation actuelle.
L’exfiltration a également été soutenue par la FIFPRO, syndicat international des footballeurs, basé en Europe. Depuis la semaine dernière, de nombreuses joueuses de football afghanes vivant hors du pays avaient lancé des appels à l’aide afin de permettre la fuite de leurs coéquipières habitant sur place. Sur Twitter, l’actuelle capitaine de l’équipe nationale, Shabnam Mobarez, avait demandé l’aide de la FIFA. «Ma coéquipière en Afghanistan dit : « non, je ne vais pas bien. Je sais qu’ils vont venir bientôt, est-ce que tu peux m’aider ». Comment je suis censée répondre ? Nous devons faire quelque chose pour sauver nos coéquipières. Ce sont mes sœurs».
Les noms des athlètes exfiltrés n’ont pas été dévoilés, à part les deux stars paralympiques. « ABC » explique qu’une fois la liste des sportifs établie, ceux-ci ont dû se rendre à l’aéroport et entrer en contact avec l’armée australienne. «Ce fut comme demander à 50 aiguilles de trouver leur route dans une botte de foin», écrit le média. Il a ensuite fallu passer le chaos à l’aéroport, entre forces armées internationales et les barrages des talibans. « ABC » indique qu’à un moment, les deux athlètes paralympiques ont perdu le groupe et ont failli ne pas pouvoir se rendre à l’endroit indiqué.
Au cours de la mission, Nikki Dryden a été mise en contact avec l’un des plus grands experts mondiaux en sécurité, ayant une connaissance approfondie du Moyen-Orient, et d’excellents contacts dans le domaine de la défense dans le monde entier : le PDG d’ « Intelligent Risks », Neil Fergus. Ce dernier a pris le contrôle des négociations avec l’aide de ses contacts sur le terrain pour aider les champions. Puis, le footballeur Craig Foster a directement contacté le gouvernement australien pour qu’il laisse embarquer Zakia Khudadadi et Hossain Rasouli. «Les paralympiens se sont séparés du groupe. Recherche, communications urgentes requises», «Localisation identifiée, le risque a augmenté», «Photo de l’endroit envoyée, l’athlète est proche de l’épuisement», «Les Britanniques sont à la porte d’embarquement, le nom des athlètes n’est pas sur leur liste, difficulté pour entrer», «Les Britanniques les ont laissé passer», «Ils sont en sécurité dans les mains des Australiens», «Voilà ce que l’Australie devrait être tous les jours», peut-on lire dans une série de messages envoyés durant la mission, notamment par Craig Foster.
Si Zakia Khudadadi et Hossain Rasouli arrivent à temps à Tokyo, ils pourraient bel et bien participer aux Jeux paralympiques, assure «Le Parisien». Le comité international paralympique a confirmé au quotidien que, quoi qu’il arrive, le drapeau afghan serait porté par un représentant du Haut-commissariat onusien aux réfugiés lors de la cérémonie d’ouverture qui doit avoir lieu ce mardi.
Kevin Negalo
Complément d’information – ajout du 25/08/2021.
Craig Spence – porte-parole du Comité International Paralympique -, a indiqué que Zakia Khudadadi ne participera pas, finalement, aux jeux de Tokyo car, comme l’a déclaré Craig Spence, La championnes de Taekwondo, ainsi que la totalité des des athlètes afghans ayant été exfiltrés de leur pays, il y a moins de 48h, « de toute évidence ils ont connu une expérience traumatisante, ils reçoivent une assistance psychologique ». En fait, ce qu’ils ont tous vécu a été tellement traumatisant qu’aucun d’entre eux n’est dans l’état psychologique, émotionnel permettant de participer à une épreuve sprotive.
Christian Estevez