Alors qu’il avait été décidé que les athlètes afghans ne participeraient pas aux jeux paralympiques après leur exfiltration pour raison de sécurité, Zakia Khudadadi et ses compatriotes seront finalement au rendez-vous.
Retournement de situation pour Zakia Khudadadi, spécialiste en Taekwondo, et ses compatriotes. Alors qu’il avait été annoncé, dans un premier temps, qu’ils ne pourront pas prendre part aux jeu paralympiques de Tokyo, les athlètes afghans seront bel et bien présents durant cet événement.
Alors que les talibans s’étaient emparés de la ville de Kaboul – la capitale de l’Afghanistan -, lors d’une offensive éclair le 15 août dernier. Ce retour au pouvoir des fondamentalistes islamistes a immédiatement créé la panique dans le pays, craignant une recrudescence des abominations qui avaient marqué les années au pouvoir de ces adeptes de la charia de 1996 à 2001. Les droits des femmes, notamment, avaient été bafoué, avec l’interdiction, entre autres, de pratiquer une activité sportive.
En plein chaos, l’athlète paralympique Zakia Khudadadi, qui se réjouissait d’être la première femme afghane aux Jeux paralympiques, avait lancé un appel à l’aide pour fuir le pays dans une vidéo envoyée à l’agence de presse Reuters : « S’il vous plaît, tendez-moi la main et aidez-moi. Je suis actuellement emprisonnée à l’intérieur de la maison. Je ne peux même pas sortir en toute confiance, en toute sécurité pour aller m’acheter quelque chose, pour m’entraîner, pour vérifier comment vont les autres ou que je ne suis pas exclue de la compétition », implorait-elle.
Le rêve de la jeune taekwondoïste de 23 ans s’était brisé alors que le pays replongeait dans l’obscurantisme : le Comité international paralympique (CIP) avait annoncé, le 16 août dernier, que la délégation afghane ne pourrait pas se rendre à Tokyo.
Jusqu’à cet heureux rebondissement ce week-end : Zakia Khudadadi et son compatriote Hossain Rasouli sont parvenus à être évacués de Kaboul. Selon « Franceinfo », ils ont quitté l’Afghanistan aux côtés d’une cinquantaine d’athlètes afghans grâce à une mission d’exfiltration menée par le gouvernement australien. Les deux sportifs ont ensuite transité par Paris où ils ont pu s’entraîner durant une semaine à l’Institut national d’expertise et de performance sportives (INSEP), avant d’atterrir à Tokyo, ce samedi 28 août, où ils ont fait une arrivée « extrêmement émouvante » au Village paralympique, comme le note l’AFP.
»Les deux sportifs sont ici à Tokyo pour accomplir leurs rêves, envoyant un message très fort d’espoir à beaucoup d’autres sportifs dans le monde », a souligné le porte-parole du Comité international paralympique (CIP), Craig Spence. « Comme vous pouvez l’imaginer, cette rencontre a été extrêmement émouvante. Il y a eu beaucoup de larmes de la part de tout le monde dans la pièce. C’était une rencontre incroyable ».

Au premier plan, à droite, la championne Zakia Khudadadi, poussant le fauteuil roulant de son compatriote hussain Rassouli.
Zakia Khudadadi concourra en moins de 49 kg (catégorie K44) de taekwondo le 2 septembre prochain. Quant à Hossain Rasouli, il participera aux séries du 400 mètres en athlétisme (T47) le 3 septembre, comme le note l’AFP.
En l’absence de la délégation lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques le 24 août, le drapeau afghan avait défilé symboliquement. Gageons que les deux champions seront largement applaudis lors de leur entrée en compétition, à hauteur de l’émotion planétaire que suscite la situation dramatique de leur pays.
Kevin Negalo