Alexandra Richard a écopé de la même peine qu’en première instance pour «meurtre sur son conjoint». En 2016, elle avait abattu son compagnon, alcoolisé, qui menaçait de lui «défoncer la gueule». La justice a de nouveau rejeté la légitime défense. Ses conseils, qui plaidaient pour la légitime défense, dénoncent « une honte absolue », rapporte l’AFP.
En novembre 2020, cette femme de 43 ans avait été condamnée en première instance à dix ans de réclusion à la cour d’assises de Seine-Maritime pour «meurtre sur son conjoint» après avoir, en 2016, tué son compagnon violent. Samedi, à Evreux (Eure – France), les jurés de la cour d’assises d’appel ont confirmé cette décision.
Un des deux conseils d’Alexandra Richard, Lorraine Questiaux, n’a pas mâché ses mots à l’énoncé de ce verdict. L’avocate a dénoncé une «honte absolue», une «erreur judiciaire absolue» ainsi qu’une preuve que «le système patriarcal est puissant». «Les débats ont montré qu’il n’y avait pas les moyens de la condamner pour homicide volontaire. Les circonstances de la légitime défense étaient établies», a-t-elle affirmé.
En effet, le 16 octobre 2016, Alexandra Richard a tué son conjoint de 36 ans avec un fusil de chasse à leur domicile de Montreuil-en-Caux (Seine-Maritime). En état d’ébriété, ce dernier menaçait alors de lui «défoncer la gueule». Selon cette mère de trois enfants, la victime s’était mise à boire vers midi le jour du drame. Alexandra Richard lui aurait annoncé vouloir le quitter. Ainsi, selon Quentin Dekimpe, autre avocat de l’accusée, la légitime défense est bien de mise : «Si elle a saisi cette arme, c’était pour se défendre. Une défense légitime face à cet homme qui aurait pu la tuer», a-t-il défendu.
Si elle a toujours reconnu avoir tiré sur son conjoint, la quadragénaire a nié son intention de le tuer. Le couple pratiquait la chasse et le ball trap, aussi, selon elle, il s’agissait d’une «arme de dissuasion». Selon ses dires, Alexandra Richard voulait seulement «s’enfuir» avec ses enfants, pour s’éloigner de celui qui buvait énormément, la frappait et l’insultait.
L’avocat général, Patrice Lemonnier, a reconnu que le défunt pouvait, en effet, avoir des accès de violence. En 1999, il avait été condamné pour avoir tiré sur un rival amoureux. Toutefois, ce samedi, le magistrat a refusé la légitime défense : «[Alexandra Richard] a, à l’évidence des circonstances atténuantes, c’est sûr. Mais on ne peut pas tuer dans ce contexte-là», a-t-il estimé. Au cours de son réquisitoire, il a souligné que l’accusée avait «une difficulté avec la réalité».
Selon lui, Alexandra Richard aurait «développé des éléments d’agression, des menaces de mort qui ne sont pas vérifiables. Plus le temps passe, plus elle en rajoute». Une position contredite par Quentin Dekimpe qui a affirmé que les «fluctuations des versions» d’Alexandra Richard étaient «le fruit d’un trauma» et non «d’une manœuvre».
L’avocate des parents de la victime, Rose-Marie Capitaine, de son côté, a exprimé son soulagement à l’issue du verdict, comme le rapporte France Bleu : «Je suis soulagée dans la mesure où la cour d’assises n’a pas donné un permis de tuer à un citoyen.». Si elle reconnaît les violences subies par Alexandra Richard, elle estime toutefois que ces dernières ont été exagérées. «Elle a tué Sébastien alors qu’elle n’était pas en danger réel», condamne-t-elle.
Joseph Kouamé