Sharbat Gula, Afghane rendue célèbre par une photo d’elle publiée en Une du «National Geographic» en 1984, a été évacuée de son pays natal vers l’Italie.
Le regard envoûtant de Sharbat Gula, immortalisé par le photographe Steve McCurry en couverture du «National Geographic» de juin 1984. avait fait le tour du monde.
Ses yeux vert émeraude, son regard perçant et fier, les cheveux ébouriffés sous son foulard rouge élimé, le portrait de Sharbat Gula, pris en 1984 a marqué les esprits. À elle seule, la jeune fille est devenue le symbole des souffrances infligées aux Afghans, durant la guerre menée par l’Union Soviétique à partir de 1979.
Âgée d’environ 50 ans aujourd’hui, elle avait sollicité de l’aide pour quitter son pays après le retour des talibans.
selon les mots du chef du gouvernement italien. Les autorités italiennes ont appuyé la demande d’évacuation de Sharbat Gula, reçue parmi les nombreuses requêtes émanant «de la société civile, en particulier des organisations non gouvernementales travaillant en Afghanistan […] dans le cadre du programme d’évacuation des civils afghans et du plan du gouvernement pour leur accueil et leur intégration», après la chute du gouvernement afghan et la prise de pouvoir des talibans, en août dernier.
La célèbre photo de Sharbat Gula a été prise en 1984 dans un camp de réfugiés à Peshawar, au Pakistan. Orpheline, l’adolescente de 12 ans à l’époque avait dû quitter son pays après l’invasion soviétique de 1979. Sa vie, elle l’a passée essentiellement au Pakistan voisin jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée en 2016 pour falsification d’un document d’identité. Elle est alors rapatriée en Afghanistan.
Elle était venue avec ses quatre enfants, mais n’avait pas caché son attachement à son pays d’adoption : «L’Afghanistan n’est que mon lieu de naissance, le Pakistan était ma patrie et je l’ai toujours considéré comme mon propre pays. J’avais décidé de vivre et de mourir au Pakistan mais ils m’ont fait la pire des choses. Ce n’est pas ma faute si je suis née là-bas. Je suis déprimée. Je n’ai pas d’autres choix que de partir», avait-elle alors déclaré à l’AFP.
Le reporter l’avait retrouvée – et à nouveau photographiée – en 2002. Après avoir vécu de camp de réfugiés en camp de réfugiés, elle avait été mariée de force à 13 ans, avait eu cinq enfants – dont un décédé peu après sa naissance – et était désormais veuve après la mort de son mari, des suites d’une hépatite C.
Après le retour des talibans à Kaboul en août dernier, elle émet le souhait de fuir à nouveau, symbolisant ainsi « les vicissitudes et les conflits que traversent l’Afghanistan et son peuple », selon le gouvernement italien.
Joseph Kouamé