La meneuse de cabaret, figure de la lutte pour les droits civiques et engagée aux côtés de la France Libre, fera son entrée au Panthéon ce 30 novembre.
L’occasion de vous proposer un retour sur certaines des faits de résistance de la diva franco-américaine.
L’artiste naturalisée française en 1937 est une résistante des premiers jours à l’occupant nazi. Et c’est dans l’ombre des services secrets que cette femme qui vit sous la lumière des projecteurs va mener son combat pour la liberté… Extrait du magazine « 20h30 le samedi » diffusé le 27 novembre 2021.
C’est au château des Milandes, à Castelnaud-la-Chapelle, dans le département de la Dordogne, que Joséphine Baker se réfugie quand Paris est occupé en juin 1940. C’est là que la chanteuse, actrice et meneuse de revue entend l’appel du général de Gaulle. La vedette du music-hall et icône des Années folles qui entre au Panthéon, ce 30 novembre 2021, pour son action dans la Résistance, va bientôt rencontrer Jacques Abtey, un officier résistant gaulliste, chef du contre-espionnage militaire à Paris.
« Elle lui explique qu’elle peut lui permettre, grâce à sa notoriété, de l’aider dans plein de domaines », rappelle l’actuelle propriétaire du lieu, Angélique de Labarre au magazine ’20h30 le samedi’. »Il avait des doutes sur sa capacité à pouvoir être une espionne. Il se dit qu’elle est assez légère, qu’elle a dansé avec la ceinture de bananes, qu’on l’appelle l’Oiseau des îles… En fait, elle va se dévoiler tout de suite en lui disant : ‘Monsieur, je veux me donner à la France. Faites de moi ce que vous voulez. ».
Et c’est ainsi que Joséphine Baker est devenue une agente de renseignement : « On l’invite parce que c’est la grande star parisienne qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie. Elle est immensément connue car elle a chanté partout « J’ai deux amours » : en 1929 à Munich, en 1931 à Berlin… » précise cette passionnée de l’artiste. »Qu’ils soient italiens ou allemands, les militaires, les généraux sont curieux de voir ce personnage… et elle glane les informations avec son charme. ». Sa célébrité en guise de couverture la protège et elle dîne même en Italie avec Mussolini… : « On lui demande qui est présent dans ce dîner, quels grades ont les militaires, leur implication dans la guerre, où se situent-ils… »
Elle est invitée partout en Europe et bientôt chargée de faire passer des documents sensibles à d’autres relais de la Résistance : « Elle va cacher des documents confidentiels sur l’occupation des blindés allemands dans le sud-est de la France. » L’espionne fait passer ses messages codés écrits à l’encre sympathique sur ses partitions musicales : « Si on la prend, elle est évidemment torturée et tuée. » Son engagement lui vaudra notamment la médaille de la Résistance française avec rosette et la croix de guerre 1939-1945.
Joseph Kouamé & Didier Maréchal