Une policière comparaît devant la justice de Minneapolis pour avoir abattu un jeune homme avec son arme de service, le 11 avril dernier. Elle prétend avoir confondu son pistolet et son taser.
Le procès s’est ouvert mercredi 8 décembre dernier à Minneapolis. Ayant abattu un jeune homme de 20 ans avec son arme de service, le 11 avril dernier, la policière Kim Potter est jugée pour ce qui n’est, tout de même, pas reconnu comme un « homicide volontaire », mais pour la négligence à l’utilisation d’une arme, la policière ayant confondu son taser et son pistolet.
Le drame avait eu lieu à Brooklyn Center, dans la banlieue de cette grande ville du nord des États-Unis d’Amérique. Kim Potter et deux de ses collègues avaient arrêté la voiture de Daunte Wright pour un banal contrôle. Ayant constaté que le jeune homme était visé par un mandat d’arrêt pour une infraction sur les armes, les policiers avaient décidé de l’interpeller.
Alors que le jeune – un noir américain – essayait de s’échapper, Kim Potter avait sorti ce qu’elle pensait être son pistolet électrique. Sur un enregistrement de la scène, la policière criait « Taser » à plusieurs reprises, avant de tirer. Après les faits, elle a démissionné, tout comme le chef de la police de Brooklyn Center.
Le drame avait fait grand bruit, car il était survenu pendant le procès du policier blanc Derek Chauvin qui, en mai 2020 à Minneapolis, a tué George Floyd, un homme noir de 46 ans. Le calvaire du quadragénaire avait initié d’immenses manifestations antiracistes dans le monde entier.
Près d’un an plus tard, la mort de Daunte Wright, 20 ans, avait ravivé les tensions à Minneapolis et des manifestations émaillées de violences avaient eu lieu plusieurs soirs de suite. L’arrestation de cette policière avait ramené le calme, mais la ville était restée à cran jusqu’à la condamnation de Derek Chauvin à 22 ans de prison.
Son procès se tient dans l’ombre de ce précédent historique : il se déroule dans le même tribunal, avec les mêmes procureurs et certains avocats communs. Après dix jours consacrés à la sélection du jury, qui ne compte qu’une seule personne noire, les débats ont commencé par la présentation des grandes lignes de l’accusation et de la défense.
« Elle n’est pas poursuivie pour homicide volontaire », a relevé d’emblée la procureure Erin Eldridge, mais il ne s’agit pas non plus « d’une erreur malheureuse » : « Ce dossier porte sur la manipulation imprudente d’une arme, sur la négligence du risque » par une policière avec 26 ans d’expérience, a-t-elle asséné.
Kim Potter « a fait ce qu’elle avait à faire pour protéger un collègue » qui risquait d’être emporté par la voiture de Daunte Wright, a rétorqué son avocat Paul Engh. Sous l’effet « du stress », « elle a fait une erreur, c’était un accident. C’est un être humain », a-t-il ajouté, en la comparant à un chirurgien qui, après 100 opérations, peut encore se tromper. La policière devrait être appelée à la barre des témoins dans quelques jours.
Joseph Kouamé